lundi 26 novembre 2012

La famille HOLTZMAN à Paris, facteurs de harpes du XVIII° siècle.


Cette superbe harpe de Holtzman fils sera vendu à l'Hôtel Drouot à Paris par l'étude Aguttes le vendredi 7 décembre 2012. Je reproduis ici le texte du catalogue.

Outre le coté exceptionnel de cette harpe, cette vente nous permet de souligner le rôle essentiel  des commissaires priseurs, qui documentent leurs ventes et font régulièrement des recherches de fond sur les facteurs, vous le verrez c'est le cas dans cet article.

Harpe de Holtzman fils à Paris.

"Rare harpe à mécanisme à crochets, pour trente huit cordes et sept pédales.
La table porte trois étages de roses constituées de cinq percées circulaires, et est ornée d'un paysage lacustre, d'un entablement présentant des attributs de la Musique ou des chutes de guirlandes de fleurs. La crosse en bois sculpté, est laqué noir et doré, dans le goût de la Chine, et est ornée de personnages ou de pagodes. Chute ornée de feuilles d'acanthe et de baguettes rubanées, sur une console à fleurs et guirlandes de feuilles de chêne. Montant à cannelures. Elle est signée à l'encre : HOLTZMAN Fils à Paris, sur la table, à la jonction avec la console.
Fin de l'époque Louis XVI
H : 167 - L : 83 cm"

Travail de sculpture, de dorure, de laquage, de peinture...une merveille du XVIII° français.

Signature de Holtzman fils rue du Four Saint Germain à Paris.

"Holtzman fils :
La signature Holtzman fils rue du Four St. Germain à Paris correspond à la marque d' Henry Holtzman (reçu maître luthier en 1782), fils de Godefroy Holtzman, également maître luthier facteur de harpes, et de Marie-Charlotte Duchesne. Au moment du décès de la mère Holtzman en 1786 cinq frères et sœurs sont mentionnés, un enfant mineur prénommé Noel-Charles, Jean-Baptiste et Henry, tous deux maîtres luthier facteurs de harpes, le premier domicilié rue Saint-Antoine, le second rue du Four dans le quartier Saint-Germain-des-prés paroisse Saint-Sulpice, enfin deux sœurs, l'une mariée à un fondeur-ciseleur, l'autre à un facteur de harpes et de clavecins. En 1792, au moment de la mort de leur père, les cinq enfants sont toujours vivants ; Henry avait installé alors son atelier rue du Mail, paroisse Saint-Augustin, tandis que son frère, et confrère, Jean-Baptiste exerçait désormais rue Saint-Honoré. Dans le dernier tiers du XVIIIe siècle la notoriété des Holtzman fut grande ; rien d'étonnant au fait qu'une de leurs harpes soit mentionnée en 1784 lors de l'inventaire après décès des collections de la puissante marquise de Fleury, née Montmorency-Laval".


Détails.
 
Décor de Chinoiseries trés en vogue au XVIII°

 
 

"Dans les premières années du XVIIIe siècle le luthier bavarois Jacob Hochbrucker apporta une nouveauté technique à la harpe en développant un ingénieux système de pédales qui permettait d'augmenter à volonté chaque note musicale d'un demi-ton et ainsi de pouvoir jouer la musique dite “savante”, notamment les œuvres pour clavecins. Cette amélioration ouvrit à cet instrument de nouveaux horizons et lui permit de devenir au XVIIIe siècle, avec le piano forte, l'un des instruments de musique les plus appréciés par les personnalités de la haute aristocratie dans l'Europe entière et particulièrement en France. Marie-Antoinette elle-même s'essaya brillamment à cet instrument vers la fin des années 1770. Comme souvent dans les arts décoratifs de l'époque, les artisans parisiens du temps s'employèrent à faire de ces instruments de véritables objets d'art en décorant leurs caisses et consoles de motifs peints ou réalisés en vernis Martin et en confiant leur sculpture aux plus habiles artisans de la capitale".

Décors d'attributs de la guerre (en musique) et des arts.
"La harpe présentée fut conçue par l'un des meilleurs facteurs de harpes de l'époque. Sa perfection rivalise, voire surpasse, celle d'autres modèles répertoriés signés par les célèbres luthiers Georges Cousineau et Jean-Henri Naderman ; voir notamment une harpe de ce dernier conservée au musée Carnavalet à Paris (illustrée dans A. Forray-Carlier, Le mobilier du musée Carnavalet, Dijon, 2000, p.191, catalogue n°71). D'autres modèles réalisés dans le même esprit sont connus, citons particulièrement une première harpe signée Holtzman passée en vente à Paris, Me de Maigret, le 2 décembre 2011, lot 55 ; une deuxième portant la signature d'un luthier nommé Hermes se trouvait anciennement dans la collection Benchoufi (vente Sotheby's, New York, le 9 novembre 2006, lot 82 ; adjugée 54.000$) ; une troisième, signée Renault et Chatelain, appartient aux collections du musée de la musique à Paris (voir Guide du musée de la musique, RMN, 1997, p.97) ; enfin, une dernière signée Holtzman fut vendue chez Christie's à NewYork le 21 octobre 2004, lot 1191".
"....le hameau de la Reine à Versailles..."

"Harpe par HOLTZMAN à Paris, XVIIIe siècle, vendue à Drouot par l'étude de Maigret le 2 décembre 2012.
Ancienne collection Charles Enel (1880-1954), luthier à Paris
Matériaux : Epicéa, érable et vernis Martin
Marque au fer au sommet de la table et étiquette à l'intérieur de la console : « HOLTZMAN / Maître Luthier - Facteur de harpes, / demeure dans la grande rue du Faubourg / Saint Antoine, chez un Marchand de Vin, / au Roi de Siam, près de celle de Saint / Nicolas, au second ; il vend & fournit /
des Cordes de Naples et autres. / A PARIS »
H. 165 cm

Marque de Jean Baptiste Holtzman.
"La table en épicéa est ornée d'un décor en vernis Martin représentant des motifs floraux et des trophées d'instruments de musique, typiques de l'époque Louis XVI.
La console en érable s'appuie sur une colonne cannelée de même essence.
Le corps est composé de sept côtes d'érable ondé et repose sur une terrasse munie de quatre pieds forgés.
Système dit à simple mouvement. 7 pédales. 37 cordes".



"La harpe à simple mouvement fut le modèle sur lequel jouèrent Marie-Antoinette ainsi que la Duchesse de Guînes, pour qui Mozart composa son Concerto pour flûte et harpe en 1778. » (extrait du catalogue de l'exposition au Palais Lascaris, Nice, 2011)".

Bibliographie :


Jean Jeltsch, Denis Watel, Maîtrise et jurandes dans la communauté des maîtres faiseurs d'instruments de musique à Paris, in Revue d'organologie « Musique - Images - Instruments », n°4 ; Ed. Klincksieck, Paris 1999.
Robert Adelson, Erard et l'invention de la harpe moderne, 1811-2011
Berliner Musikinstrumenten-Musum (collectif), « Harfen », Berlin 1999



samedi 10 novembre 2012

Ventes d'instruments de musique à Vichy : rencontres avec des instruments d'exception : exemple un basson de H. GRENSER.

Chaque année les deux ventes de Vichy (juin et décembre), nous donnent l'occasion de croiser des instruments d'exception. C'est une formidable opportunité de pouvoir les regarder sous toutes les "coutures", de les "toucher"....et même de les jouer.
Dès qu'ils seront "acquis"...par quelques collectionneurs, des musées...ils disparaîtront pour de nombreuses années.

Ces sans doute le cas pour cet exceptionnel basson de Johann Heinrich GRENSER (1764-1813).
 

Basson de J.H. Grenser.
Ce basson de facture exceptionnelle, à 9 clés en ivoire dans son étui d'origine, muni de deux bocaux et de deux boites d'anches en galuchat a été très disputé lors de la vente de juin 2012.
Muni de deux bocaux et deux boites d'anches en galuchat.

Dans sa boite d'origine.



Article de la Gazette Drouot sur le vente de Vichy de Juin 2012.

 
Adjugé 58000 Euros (soit 71873 euros avec les frais), il s'agit sans doute de la vente la plus élevée pour un instrument de ce type.

Si vous voulez en savoir plus sur les GRENSER de Dresde : Site sur les clarinettes de Grenser d'Eleanor Smith

Message personnel pour José Touroude : Tu vas trouver dans ce site un "véritable schéma" sur la généalogie de la famille Grenser.

Donc rendez vous à Vichy le 15 décembre 2012 pour de nouvelles rencontres fructueuses.

Site de l'étude de Maître Laurent à Vichy.

Quelques instruments qui seront en vente le 15 décembre à Vichy.