mercredi 24 avril 2013

Histoire de la trompette à clés (Keyed Trumpet) et du bugle à clés (Keyed Bugle).

Pour rendre la trompette chromatique différentes techniques ont été utilisées, comme le bouchage qui consistait à introduire la main dans le pavillon pour obtenir les notes voulues, la coulisse comme sur le trombone, ou les clés comme sur le saxophone, technique qui connue son heure de gloire avant l'invention par BLUEHMEL en 1813 du piston.

La première trompette à clés a été construite vers 1777 mais ne connut pas le succès car le timbre de la trompette disparaissait entièrement pour donner un son entre la trompette et le hautbois. C'est en 1793 qu'un amateur du nom de NESSMAN a mis au point une trompette à clés qui gardait le timbre de la trompette et avec laquelle on pouvait monter une gamme chromatique.

Trompette à 4 clés de Johan Jacob FRANCK à Nürnberg.
(Musikinstrumente Museum Universitate Leipzig)

Anton WEIDINGER (1767-1852), grand virtuose de la trompette à clés l'améliora ; c'est d'ailleurs pour lui que Joseph HAYDN a composé en 1796 son fameux concerto en mib majeur.


Weidinger créa le premier janvier 1804 à la cour du prince Esterhazy , le concerto pour trompette et orchestre écrit pour lui  par Johann Nepomuk HUMMEL (1778-1837).

Trompette à 5 clés de Joseph Ignaz Meindl vers 1820.
(Musikinstrumente Museum Universität Leipzig)
Le gros défaut de cette instrument est le même que la trompette à boucher : l'inégalité entre les notes ou certaines clés sont bouchées et certaines notes lorsqu'elles sont toutes bouchées. C'est la raison pour laquelle elle fut très vite, particulièrement en France, supplantée par la trompette à pistons.


Il existe très peu d'exemplaire de trompettes à clés réalisées par des facteurs d'instruments français.

Trompette à 6 clés de Louis Müller à Lyon vers 1840.
(University Edimbourg)
En 1810 l'irlandais Joseph HALIDAY fait breveter le bugle à clés ou "royal Kent bugle" muni de 6 clés (5 fermées, une ouverte).

Méthode de trompette à clés de COLETTI.
Ce bugle à clés était principalement joué dans les fanfares militaires, particulièrement en Grande Bretagne et c'est par les démonstrations de ces "British bands" qu'il est devenu très populaire en Europe.

Bugle à 7 clés en ut de Charles PACE à Sheffield. (Vichy décembre 2012)
Ce bugle se construisait en deux variétés : le bugle soprano dont il existait 3 modèles, en Ut, Si bémol, et en La.

GREENHILL à Londres, bugle à 6 clés et deux et demi tours. (Vichy 12 2012)
Le bugle soprano en Ut fournissait, sans l'usage des clés les sons du clairon d'ordonnance en ut. A l'aide des clés on baissait chaque note d'un demi ton et l'on obtenait l'échelle chromatique dans l'étendue de 2 octaves.

Bugle en Mi bémol de TABART à Lyon. (Vichy 12 2013)
Le bugle sopranino en Mi bémol sonnant une quarte au dessus du bugle soprano en Si bémol était le plus aigu des instruments des fanfares.

Grand bugle à 7 clés en Fa en forme de demi lune de Charles KRETZSCHMANN
à Strasbourg. (Collection particulière)
Ces deux bugles s'associaient à l'ophicléide pour former une famille. Leur sonorité était sans éclat et en 1820-1835 ils partageaient avec la clarinette l'exécution des solos dans les orchestres militaires.


En France en 1845 un comité comprenant : Spontini, Aubert, Halévy, Adam, Onslow et Carafa réorganisa les musiques militaires. Il fut décidé, sous l'influence d'Adolphe Sax, entre autre que les saxhorns remplaceraient les bugles à clés. En Grande Bretagne le remplacement définitif des bugles à clés par des instruments à pistons mis un peu plus de temps, car en 1860 on pouvait encore trouver dans les "bands" des instrumentistes jouant ces instruments.

Bugle 7 clés de SCHOTT Fils à Mayence.
En Allemagne si le Klappen Fluegelhorn mis du temps a apparaître dans les orchestres militaires (1820), il resta utilisé bien au delà du milieu du XIX ème. Le catalogue de la célèbre maison SAURLE à Münich comportait encore des bugles à clés en 1850.

Bugle à 6 clés de Michael SAURLE à Münich.
Au USA c'est au cours de la guerre anglo-américaine que le bugle à clés fit son entrée dans les fanfares des orchestres militaires américains. La tradition des "miltaries bans" donna l'occasion à des solistes de se mettre en évidence et également d'enseigner le bugle à clés qui sera très à la mode dans les années 1830 à 1860. Richard WILLIS fut le premier virtuose du bugle à clés, mais c'est surtout Francis JOHNSON et son orchestre qui pendant plus de 20 ans donna au bugle à clés son prestige aux Etats Unis.

Ce musicien, compositeur d'origine martiniquaise avait commencé sa carrière en jouant de la musique militaire dans les années 1815 puis il créa son orchestre composé de musiciens afro-américains qui se rendit célèbre d'abord à Philadelphie, puis dans tout le pays.

Bugle à 10 clés de G.Elbridge WRIGHT à Boston. (MET Museum)
Il fut le premier musicien américain à faire une tournée en Europe. Sa musique et ses compositions préfigurait le Jazz. Il est décédé en 1844.

Musicien anonyme de l'armée confédérée posant
avec son bugle sopranino. Vers 1860.

Le bugle à clés continua a être très longtemps joué aux USA , pendant la guerre de sécession (1861-1865) et même après.

Source et pour tout savoir sur le bugle à clés : "The Keyed Bugle" par Ralph T. DUDGEON.

Le livre sur Keyed Bugle sur Google Books


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