vendredi 23 juin 2017

Une clarinette unique ? Et c'est une suédoise. Clarinette : T. Dahlström à Malmö. En enda klarinett? Och det är ett svenskt. Klarinett: T. Dahlström i Malmö.

Par José Daniel Touroude.


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Tous les collectionneurs se targuent d’avoir quelques pièces rares et comme mes amis, j’en ai quelques-unes dont une jolie suédoise assez mystérieuse de deux siècles !

Psychologie des collectionneurs.


De prime abord, cette clarinette est classique faite en buis, bien tournée avec des bagues en corne et possède 5 clés carrées en laiton et a le profil assez commun d’une clarinette européenne à la fin du XVIIIème et début du XIXème siècle (sauf en Angleterre : cf. Les clarinettes anglaises.). Son intérêt est dû plutôt à son origine puisqu’elle a été fabriquée par un facteur suédois (ils étaient peu nombreux), un certain T. Dahlström à Malmö.


D’ailleurs ce qui incite aussi à la réflexion, c’est le peu d’instruments qui demeurent dans le temps (heureusement qu’il y a des collectionneurs) parmi les centaines produits par des facteurs ! mais au-delà de cette constatation, nous savons peu de choses sur la facture suédoise et ma clarinette va être le déclencheur d’une curiosité permettant aussi de rappeler l’existence des premiers virtuoses de la clarinette dont un suédois célèbre nommé Crusell qui sillonnaient l’Europe et les cours royales de Moscou ou Saint Petersburg à Londres, de Naples à Paris, de Berlin ou Leipzig  à Vienne, de Prague à Copenhague et Stockholm … c’est à dire là où la demande de musique classique et bien payée existait... On est stupéfait par ces voyages longs, pénibles et permanents des grands musiciens à travers l’Europe ! Un livre récent d'A. Perez-Reverte «deux hommes de bien»  le montre bien. Nos virtuoses actuels, toujours entre deux avions, enchaînant les contrats à travers le monde perpétuent cet état de fait. 
Bernhard Henri Crusell (1775-1838)
Le contexte historique :
La Suède n’était plus une puissance militaire importante en Europe (comme au 17ème siècle) ayant trop bataillé contre ses voisins et trop minée par ses luttes intestines, mais restait incontournable car le roi et certains aristocrates organisaient au cours du 18ème siècle, de nombreux concerts de musique, accueillant des musiciens itinérants de qualité. Certains comme Joseph Kraus (1756-1792) grand musicien allemand contemporain de Mozart immigra et resta en Suède. Mais c’est Roman (qui fut élève à Londres de Haendel) qui est considéré comme le père de la musique suédoise.
La création en 1771 du Conservatoire de l’Académie Royale de Musique puis la création du théâtre et enfin de l'opéra en 1781 à Stockholm par le roi Gustave III montrait à tous que la Cour Royale de Suède pouvait rivaliser avec les autres capitales européennes. Quelques grands musiciens se sont expatriés vu la demande de la cour et des aristocrates suédois demandeurs de musique « savante ».
Dans cette deuxième moitié du 18ème siècle, ce nouvel instrument qu’est la clarinette se répandait et a eu rapidement ses premiers virtuoses. Cet instrument, encore peu abouti, prenait place à côté du flageolet, de la flûte, du hautbois, du basson, du cor et remplaçait peu à peu le chalumeau à 2 clés cantonné dans son aspect pastoral dans la musique classique. Un lieu fut déterminant incontestablement pour la progression et la reconnaissance de la clarinette dès 1754, c’est Mannheim en Allemagne avec les Stamitz Johann puis son fils Carl , Hozbauer, Cannabich, le virtuose Tausch … et un de ses admirateurs fut W.A. Mozart qui donna à la clarinette un rôle important dans ses œuvres.
La noce de village (1809), Pierre Alexandre WILLE;

Mais la popularité de cet instrument est due aussi à l'introduction de la clarinette dans les musiques militaires à travers les parades militaires, les harmonies puis dans la musique populaire. Ce n’est pas un hasard si la plupart des clarinettistes, et cela depuis les premiers virtuoses jusqu’à nos jours, ont fait partie intégrante des armées. (Cf. Les clarinettes militaires.
La Suède sera prise dans le même mouvement avec notamment la Garde Royale qui va faire une place importante pour les clarinettes. La maîtrise de cet instrument demande un travail régulier et peut devenir alors par ses palettes différentes et sa mobilité un instrument essentiel qui peut jouer en musique de chambre comme en plein air. Ainsi les clarinettistes suédois vont devenir au fil du temps, comme dans les autres pays européens, des militaires-musiciens professionnels. La Garde Royale va peu à peu se renforcer et améliorer son niveau car la musique militaire cherche à répandre la musique mais aussi à communiquer, à susciter l’enthousiasme et à séduire les populations par des défilés et des concerts. La Garde Royale sera dirigée notamment par l’incontournable clarinettiste virtuose suédois Crusell que nous retrouverons. Notre clarinette Dahlström provient peut être (je n’ai pas de preuve formelle) de la Garde Royale et je rêve qu’elle ait pu jouer devant le grand Crusell … mais revenons sur terre !
Garde Royale Suédoise.
La facture suédoise entre 1750 et 1850 : La facture suédoise connut d’abord  l’influence de la facture allemande :

D’abord par la proximité et par les guerres d’occupation, la facture suédoise a débutée par l’importation, la réparation puis la copie de la facture allemande alors prépondérante et inspirante. D’autre part les guerres à travers l’Allemagne ont favorisé l’immigration de facteurs d’instruments à vent et de musiciens allemands à travers l’Europe puisque ces territoires ravagés et appauvris cherchaient plus à survivre qu’à payer des musiciens et des instruments. La Suède connaît ainsi comme toute l’Europe, une instabilité dues aux guerres quasi permanentes : souvent alliée à la France, elle fit la guerre de 30 ans au 17ème siècle aussi bien politique (contre la puissance des Habsbourg) que religieuse (protestants contre catholiques) où le roi de Suède Gustave II Adolphe rêvait de faire de la Baltique une mer uniquement suédoise. il ravagea aussi l’Alsace et la Lorraine, alors allemande, (chère à notre ami René Pierre !)… puis il y eut la guerre de 7 ans (1756-1763), puis napoléoniennes…Pour notre propos l’occupation des territoires allemands avait eu l’habitude d’acheter( ?) et/ou  piller (?) ses instruments à vent dans les centres de production germaniques. Bien sûr le transfert du savoir-faire allemand s'est propagé en Suède chez les tourneurs sur bois et réparateurs d’instruments en Europe du Nord comme dans toute l'Europe très rapidement. Nous verrons que l’analyse de notre clarinette de Dahlström est inspirée fortement par la facture allemande et date de cette époque. Un magnifique exemple proche de notre clarinette par cette clarinette de Grenser de Dresden réalisée en 1785.
Grenser.
Dahlström.



































La facture suédoise connut aussi l’influence de la facture française

Les échanges et les intérêts furent étroits entre la France et la Suède car ils étaient souvent alliés pendant les guerres du 17 et 18ème siècles. De plus la Suède fut le premier pays à reconnaître la République Française, avant que le maréchal Bernadotte ne devienne le créateur de la dynastie royale actuelle. Ce rapprochement favorisa l’utilisation et l’importation de clarinettes françaises en Suède et sa diffusion. En effet la clarinette était  omniprésente et l’instrument le plus répandu dans les musiques militaires des armées napoléoniennes à travers l’Europe (plus de 1000 clarinettistes). En conséquence, vu la demande de cet instrument, une facture suédoise, modeste mais réelle, fut inspirée d’abord par la facture allemande puis française (qui étaient d’ailleurs assez proches à l‘époque avant de se différencier quelques décennies après.).
Trois clarinettes à 5 clés de la même époque : de gauche à
droite : Allemande de GS Kollmus de Neukirchen, Suède
Dahlström de Malmö, France, Cousineau père et fils datée
de 1789.

Il est curieux que la facture suédoise, voire même celles d’Europe du Nord, existent peu dans les grandes collections privées et les musées spécialisés. Toutefois nous trouvons quelques instruments à vent de facteurs suédois dignes d’intérêt. Citons notamment pour les clarinettes : Johan Carlström de Stockholm (contemporain de Dahlström fin 18ème siècle.). Au début du 19ème siècle il y eut C.M. Fröman  à Uppsala. 
Clarinette  de Fröman (a1813-1851). Musée de la musique de Stockholm
Flûte 8 clés de C. Fröman.  Musée de la musique de Stockholm
Peter Morthensen Gudme (1805-1887) à Svendborg  et Anders Ulrik Bodell (1795-1866) à Stockholm.  
Clarinette Piccolo
A.U. Bodell.
Stockholm.
Clarinette
A.U. Bodell.
Stockholm.





































H. Söderberg établi à Westeras  :
Cor de basset de H. Söderberg.
Stockholm.
Clarinette Bb à 11 clés de H. Söderberg.  (Musée d'Edimburg)
......et P.A. Carlson (1779-1843) de Carlskrona :
Clarinette Carlson. (Musée de Stockholm.)
Clarinette Carlson (Musée de
Stockholm).
Flûte 6 clés de Carlson.
(Musée de Stockholm)




































Après ce bref aperçu, analysons notre facteur puis sa clarinette

Les facteurs : apparemment il y en a deux : T. Dahlström et L. Dahlström sans doute son fils. Le seul instrument connu dans les musées européens est une flûte à 2 clés (modèle Quantz qui était un flûtiste baroque de renom, professeur de Fréderic de Prusse et inventeur de la 2ème clé). Cette flûte fin XVIIIème siècle est signée L. Dahlström de Malmö sans doute le fils ? de T. Dahlström de la même ville) et se trouve au musée de Stockholm.
Flûte à 2 clés L Dahlström. (Musée de Stockholm)
qui a remporté un prix à l'exposition de Stockholm
vers 1820.
D’après les responsables suédois du musée, ils n’ont aucune information sur une clarinette existante de Dahlström dans les musées et les collections privées en Suède même si ce facteur est connu, ce qui renforce ma conviction que ma clarinette est peut être la dernière survivante de ce facteur. L’estampille au fer montre T. Dahlström et le nom de la ville de Malmö ainsi qu’une couronne royale qui elle est gravée différemment. Est-ce que cette marque peut préciser la datation (comme le font les poinçons des clés en argent  des flûtes par exemple ?
Deux hypothèses sont plausibles : Le fait de mettre cette couronne pouvait montrer l’agrément des autorités sur l’activité de Dahlström et la reconnaissance de la qualité de ce facteur ou bien comme le signe que cette clarinette appartient à la garde royale (ce que je pense), toutes les armées mettant des signes, des numéros de reconnaissance pour l‘inventaire de leurs matériels.La couronne ressemble à une coquille saint jacques . si certains connaissent cette estampille ?
L’estampille indique Malmö : Malmö est une ville stratégique de Scanie située face à Copenhague, devenue un des premiers foyers protestants et qui fut dans l’histoire l’objet de conflits répétés, rattachée soit au Danemark soit à la Suède !  Ce qui est amusant c’est que cette clarinette suédoise a appartenu longtemps à un collectionneur danois avant qu’elle arrive dans ma collection…( j’aime les livres et films qui racontent la vie parfois mouvementée des objets à travers leurs détenteurs et l’histoire…« Objets inanimés avaient vous une âme » ?.....)
Détail de la clarinette de Dahlström.
Au 17ème siècle la Suède devient puissante militairement et va rattacher Malmö définitivement, ville qui va se développer dans la deuxième moitié du 18ème siècle avec son port, ses sucreries, son commerce florissant, ses textiles et tanneries et sa richesse économique va aussi entraîner une vie culturelle notamment musicale donc des musiciens, donc des facteurs et réparateurs d’instruments de musique ! puis Malmö va s’industrialiser au 19ème siècle pour devenir la 3ème ville de Suède. Il était donc logique qu’il existât quelques facteurs d’instruments à vent et notamment de clarinettes dans une ville de garnison et en expansion économique et culturelle. Les Dahlström font partie de ces facteurs. Je n’en connais pas d’autres résidant à Malmö qui ont traversé l’histoire… (je fais appel aux lecteurs suédois pour analyser des registres de la ville de Malmö au début du 19ème siècle ! ). 
 

Malmö. 
L’analyse de la clarinette montre qu’elle a été fabriquée entre 1780 à 1830 ce qui ne nous précise rien. Elle est classiquement allemande. T. Dahlström de Malmö a fait une clarinette classique où l’influence allemande est prépondérante.
Quelques indicateurs : En haut du corps du haut, les clarinettes allemandes élargissent un peu pour renforcer la courbure du barillet alors que les clarinettes françaises sont tournées droites. Le barillet est bombé à la base comme les clarinettes allemandes et non au milieu comme les clarinettes françaises. Même si le bois est peu épais, donc tourné par un tourneur talentueux réalisant ainsi une clarinette certes fragiles mais légère (pour défiler ?) Les trous sont assez gros pour projeter le son et jouer dehors ce qui induit que c’est plus un instrument militaire ou d’harmonie que de musique de chambre. Le pavillon monoxyle et les bagues en corne d’origine (sans doute de vache moins rare et foncée que les cornes d’animaux d’Afrique importées) montre que ce n’est pas une clarinette luxueuse. Donc encore un argument pour l’usage militaire. Les blocs des grandes clés ont une coupe à l’allemande et les deux grandes clés qui ont un décrochement. La forme des clés sont carrées, épaisses et biseautées (les français vont arrêter les clés carrées vers 1825 alors que les allemands continueront jusqu’en 1870). 
Le bec en ébène est d’origine, creusé par des empreintes dentaires montrant qu’il a beaucoup joué et défilé. Il est non signé comme la plupart du temps à cette époque a été taillé pour que l'anche se cale bien à plat. Vraisemblablement le clarinettiste originel jouait avec le bec « à l’allemande » comme actuellement. les clarinettistes français jouaient à cette époque à l'envers, l'anche posée sur la lèvre supérieure «à la française». Ce n’est qu’en 1832 que Beer impose à Paris et en France de jouer à l’allemande comme actuellement . Au début du XIXème siècle, les bagues en ivoire et corne ou les tampons en cuirs, les ressorts en laiton sont rivetés sur les clés se ressemblent. 
Pour nous c’est une clarinette suédoise d’influence allemande du début du XIXème siècle ayant appartenu à une musique militaire (garde royale ?) par un clarinettiste qui l’a bien entretenue car cette clarinette n’a subie aucune restauration et est en excellent état. Elle a été ensuite été bien conservée chez des collectionneurs.
Les premiers virtuoses de la clarinette : Beer, Tausch, Stadler, Crusell …. ont maitrisé ce nouvel instrument, inspiré nombre de compositions et ont positionné la clarinette comme instrument soliste à part entière. Tausch est un clarinettiste important car c’est un des pères du style allemand se concentrant plus sur les nuances et la beauté du son que son rival Beer. Le virtuose allemand Franz Tausch venant de Mannheim (ville si importante dans l’histoire de la clarinette) jouait sur une clarinette 5 clés du  facteur suédois Johann Carlström selon Albert Rice. (contemporain de Dahlström ? L’autre clarinettiste virtuose contemporain venant de Bohème fut Joseph Beer ancien clarinettiste de la cour de Prusse puis dans l’armée française du duc d’Orléans en 1771 (la presse mentionna qu’il avait joué avec talent à Paris un concerto de Carl Stamitz de Mannheim). Il jouait avec une clarinette à 5 clés. Mozart et Beethoven rencontrèrent le virtuose J. Beer fêté à travers toute l’Europe. 
Beer fut des premiers virtuoses de la clarinette, il devint professeur à Paris imprimait à ses élèves (dont Klosé) le style français (plus volubile et brillant). Il eut aussi comme élève notamment le virtuose Michel Yost et composa aussi de nombreuses pièces pour la clarinette. (Cf. La-baguette-de-chef-dorchestre-de Klosé.Beer aida Barthold Fritz de Brunswick à doter la clarinette de clés (selon Fétis et Lefevre 1er professeur au Conservatoire de Paris) et jouait avec  des corps de rechange afin de changer facilement de tonalités ; (a t-il inventé ou collaboré à ces inventions ou avoir été un des premiers utilisateurs ?)   
 
Fr. Beer d'aprés P.C. Van Geel.
D’autre part on ne peut pas parler de clarinette et de la Suède sans évoquer  le virtuose cosmopolite et compositeur Crusell qui sera quelques années plus tard le meilleur ambassadeur de la clarinette en Europe du nord.  Né en 1775 en Suède  (dans une région actuellement finlandaise), très doué, il débute et impressionne son auditoire avec sa clarinette à 2 clés en bouleau, puis devient musicien militaire et l’élève de l’abbé Vogler (ancien professeur de Carl Maria Von Weber et de Danzi) puis du virtuose Franz Tausch à Berlin en 1798 et de Gossec à Paris en 1803. Il joue sur une clarinette Grenser à 11 clés (cf photo), devient soliste et maitre de chapelle du Hovkapellet (Royal Court Orchestra) dirigé l'abbé Vogler et membre de l’académie royale de musique en 1808. A l’arrivée de Bernadotte, il dirige la musique militaire et meurt en 1838 à Stockholm.
 
Clarinette Grenser
 faite en 1810,
 ayant appartenue
 à Crusell (musée de Stockholm)
Actuellement tous les clarinettistes classiques ont joué du Crusell, compositions très bien écrites pour mettre en valeur la clarinette . La musique écoutée en Suède à cette époque  était proches des autres pays européens avec ses musiciens cosmopolites et itinérants qui diffusaient surtout les musiques italiennes, françaises et allemandes.


Actuellement un des plus grands clarinettistes Martin Fröst est suédois rejoignant d’autres suédois célèbres dans le monde de la musique classique comme la soprano Birgitt Nilsson décédée en 2005 ou le ténor Nicolai Gedda etc… 

Notons pour terminer les compositeurs suédois au XIXème les plus connus sont :
Frans Berwald 1796 1868 de la chapelle royale et de l’académie royale violoniste et compositeur important. Lindblad  Adolf (1801-1878) flutiste et pianiste, ami de Mendelssohn, soutenu par Weber puis Spohr, il deviendra le professeur des enfants de la famille royale de Suède notamment. Le grand Edvard Grieg à la fin du 19ème et Carl Nielsen (1865- 1931) célèbre chez les clarinettistes avec son concerto et contemporain de Sibélius autre grand compositeur du nord dans l’orbite suédoise. A la fin du 19ème siècle le mouvement des musiques nationales à travers le monde puisant dans les folklore nationaux vont connaître un certain succès en Suède avec Grieg, Nielsen, Sibelius, Alfven et Stenhammar.

......Et José tu oublies en Jazz : Esbjörn Svensson.....





mercredi 7 juin 2017

"Découverte d'un nouveau portrait de Jean Louis Tulou (1786-1865) célèbre flutiste du XIXème". "Discovery of a new portrait of Jean Louis Tulou (1786-1865) famous flutist of the XIX".


Dans une prochaine vente de lettres et manuscrits autographes, qui aura lieu le 20 juin chez Maître Ader sera proposé ce beau portrait attribué à Jean Baptiste Isabey (1767-1855). Ce portrait appartenait d'abord à Frédéric Chopin et ensuite à un autre célèbre flûtiste :  Paul Taffanel (1844-1908). Il existe d'autres portraits de Tulou à des périodes différentes.
Le plus connu est celui de Henri Grévedon.


On trouve aussi au musée de la musique à Paris, ce médaillon réalisé par Antoine Joseph Michel dit Romagnesi l'aîné qui représente Tulou en 1822 à 38 ans.
Jean Pierre Dantan (1800-1869) célèbre sculpteur a réalisé un buste "sérieux" de notre grand flûtiste...
......et une caricature bien connue que l'on peut voir au musée Carnavalet.

Il y a aussi ce portrait fait par un inconnu....plus proche de la  caricature que de la réalité !


Mais je me pose une question sur ce portrait, pourquoi représenter le grand virtuose vers ses 40 ans avec un basson en arrière plan ? Il y a un air de ressemblance avec Jean Louis, mais ne serait ce pas plutôt son père ? Jean Pierre Tulou (1749-1799) bassoniste qui avait également appris à jouer de la flûte? Si vous avez des précisions à apporter n'hésitez pas.

Dans les catalogues Couesnon nous découvrons Jean Louis Tulou en 1855 à 69 ans..


Si vous désirez un "très bon article sur Tulou et Jacques Nonon" cliquez sur ce lien :
C'est là (440) (c'est moi qui l'ai écrit....quel prétentieux).

Dans cette même vente du 20 Janvier, sera vendu une série de documents très intéressants concernant le grand flûtiste Paul Taffanel :
(Collection musée de Münich)
Par exemple son emploi du temps pendant plusieurs d'années :

Mais aussi ses appréciations sur des élèves : 


On peut espérer que tous ces documents resterons en France et rejoindront la BNF ou le Musée de la Musique de Paris.

Voici le lien sur le catalogue de la vente : Vente Ader du 20 juin.

......et tiens un petit cadeau, un portrait inédit d'un concurrent de Tulou : Joseph Guillou.


Collection RP.

"GUILLOU (Joseph), flûtiste et compositeur, né à Paris, entra comme élève au Conservatoire de musique de cette ville, en l'an V (1797), à l'âge de treize ans. Il y reçut des leçons de Devienne pour la flûte, et l'année suivante il obtint au concours un second prix de cet instrument. Ses progrès ne répondirent pas ensuite à cet heureux début ; le concours de l'an VII ne lui fut point favorable, et, dès lors, il n'y eut plus pour lui d'espoir de triompher dans ces épreuves publiques du talent, car il trouva l'année suivante un rival trop redoutable dans le jeune Tulou, dont le talent a été depuis lors célèbre dans toute l'Europe. L'altération des facultés morales de Devienne et la mort de Hugot firent bientôt après réduire les classes de flûte à une seule, qui fut confiée aux soins de Wunderlick; le nombre des élèves fut diminué, et Guillou se trouva compris dans la réforme. Il ne se laissa pourtant pas décourager ; après de nouveaux efforts, il rentra dans les classes du Conservatoire, et il y obtint le premier prix, à l'âge de vingt et un ans. Ses études terminées, il fut longtemps sans emploi aux grands théâtres de Paris ; mais, en 1815, il entra comme seconde flûte à l'Opéra et à la Chapelle du roi, et, l'année suivante, il obtint la place de professeur au Conservatoire, qui venait d'être réorganisé sous le nom d'Ecole royale de chant et de déclamation. Bientôt après, la place de première flûte de la chapelle du roi, étant devenue vacante, lui fut donnée. Irrité de ces nominations, Tulou donna sa démission de l'Opéra, et ce fut encore Guillou qu'on choisit pour le remplacer. Ainsi, en moins de trois ans, il passa de l'obscurité à la plus belle position qu'un flûtiste pût désirer à Paris. Il est juste de dire qu'il remplit ses fonctions avec beaucoup de zèle, et qu'il forma de bons élèves au Conservatoire, parmi lesquels on remarque Becquié et M. Dorus. En 1830, le dérangement de ses affaires le décida à quitter toutes ses places pour chercher une position dans les pays étrangers. II voyagea d'abord dans la Belgique, y donna des concerts, puis se rendit à Berlin, où il se fit entendre. II visita ensuite Hambourg et Stockholm, s'établit quelque temps en cette ville, et enfin se rendit à Saint-Pétersbourg où il se fixa, ayant renoncé à la musique pour la profession de teinturier-dégraisseur. Fatigué d'une situation qui ne convenait ni à son éducation, ni à ses goûts, il rentra plus tard dans la carrière d'artiste, et se fit écrivain sur la musique dans les journaux, sans parvenir à se créer une position aisée. Il avait fondé, à Saint-Pétersbourg, un journal français, sous le titre de l'Artiste russe. Guillou est mort dans cette ville, au mois de septembre 1853, à l'âge de soixante-neuf ans. On a de lui pour son instrument : 1° Premier concerto avec orchestre, Paris, P. Petit. 2° Deux idem, ibid. 3° Concertino composé pour les concours du Conservatoire. 4° Plusieurs thèmes variés pour flûte et orchestre. 5° Plusieurs thèmes avec quatuor. 6° Deux œuvres de duos pour deux flûtes, Paris, Hentz-Jouve. 7° Quatre fantaisies pour deux flûtes, Paris, Meissonnier. 8° Des fantaisies pour flûte et piano, ibid". (Fétis)